YANNIS MARKANTONAKIS / Sébastien Le Roy (2003)


« Il y a toute sorte de gris. Il y a le gris plein de rose qui est un reflet des deux Trianons. Il y a le gris qui est un regret du ciel. Le gris beige couleur de la terre après la herse. Le gris du noir au blanc dont se patinent les marbres. » (Aragon)



Les couleurs font de la lumière, c’est leur seule façon d’exister ; elles fondent de la lumière dans la masse brassée de la matière. C’est le lit du tableau, comme celui d’un fleuve, son support physique. C’est silencieux sans être calme. Il y a dedans de l’eau, du ciel, de l’air. C’est aussi l’acte de naissance du tableau : il faut naître d’un coup. Même si c’est très long.



Il y a aussi le solide : les bâtiments. Les bâtiments sont des bateaux, des rues, des cathédrales, des ponts. Car les choses du monde, celles des hommes et les autres, sont convoquées : il faut faire coïncider leur existence avec celle de la peinture. C’est habiter le tableau.



A tout cela les lignes s’emploient : elles signent. C’est le passage de l’homme, son tracé, ses traits qui fuient, décident, ferment, creusent.



© Sébastien Le Roy (septembre 2003)